mardi 19 août 2008

Ma première experience "Hash"

Kathmandu
23 aout 2008



Un peu partout dans le monde, des groupes de Hash House Harriers s’organisent. Ce sont majoritairement des « expats » qui se rencontrent pour sortir de la ville et marcher/courir.

Au Népal, le Himalayan Hash House Harriers est chaque samedi. Le/la coordinateur/trice communique le lieu et heure de RdV à travers du site Internet dédié.

Samedi 17 août, je décide de rejoindre le groupe, pas très loin de KTM, la crise du pétrole dans le pays limitant les longs trajets. Je n’avais rien de spécial à faire à part étudier. C’était une bonne excuse pour m’aérer pour quelques heures. J’ai donc enfilé mes sandales de marche et mis mon K-way dans mon sac à dos.

Le point de RdV pour le Trash 1554 est sur une aire verte à la bordure de KTM, exactement à Losal, Dhumbarahi. Me voilà avec d’autres têtes étrangères venant de tous les pays : Indonésie, Europe, Amériques, mais aussi Népal. On doit être une trentaine, peut être plus. Je me décide de suivre le groupe des « marcheurs ». Je n’aime pas courir car ça ne me permet pas de regarder le paysage.



Et nous voilà en train de croiser rizières, saluant les villageois qui se demandent qui sont tous ces demeurés qui traversent leurs champs.
- "Encore une invention de gringos", ils doivent sûrement penser.
Tout le monde nous regarde. Ils sortent de leurs maisons, ils sortent la tête de la fenêtre ou se regroupent pour nous voir passer. Ca a un côté très comique.

« Namaskar ».


La balade est sympa bien qu’elle n’a rien d’extraordinaire au niveau landscape. Traverser des rizières demande beaucoup de concentration sur les 50 cm de terre sur lesquels on doit marcher. Il est difficile de levée les yeux pour voir aux alentours sans risquer de finir dans le décor. Je l’avoue, j’ai terminé plus d’une fois hors du décor. Je n’ai également pas su sauter une rivière, me retrouvant les pantalons totalement mouillés. Mais j’étais pas la seule, pour une fois, à avoir l’air ridicule!

Après cette gentille marche à suivre des paillettes de papiers, laissées la veille comme Hansel et Grettel, on referme le cercle pour regagner le point de départ.
Une table approvisionnée en chips, gâteaux et salades ainsi que des glacières débordant de bières et de sodas nous attendent.

Et c’est à ce moment là, que je me suis demandé : « Comment je vais m’en sortir ? Merde, la route la plus proche pour trouver un taxi est trop loin. »

Je suis une virgin du Hash donc je suis invitée à aller au centre. La "lovely French girl" doit se présenter avec les autres 4 virgins dont mon ami et voisin, cet "American guy who makes earrings".

L’autre spécificité des Hash est leurs jeux et chanson ridicule, arrosées de bière, se déroulant au milieu des « locaux » qui nous regardent.
Je ne vais pas m'étendre à décrire le fait qu’ils chantent une chanson stupide pendant que tu dois terminer de boire ton verre au milieu du cercle par ce que tu es tombé, ou parce que tu es nouveau, ou whatever. Il y a toujours une bonne raison pour faire boire et te tourner en ridicule.
Je ne vais pas m'étendre non plus à décrire le fait que des femmes soient en short court, voir très court, alors que la culture n’est pas vraiment propice à ce genre d’exhibition.
Je vais m'étendre encore moins sur le fait que ces gens du milieu du développement, dans sa grande majorité, jetaient leurs verres en plastique et leurs mégots par terre. Et que les organisateurs népalais ont du ramasser derrière.

Non, ça ne vaut pas la peine.

(3 jours plus tard, une copine, travaillant dans une grande organisation pour la conservation et l'environnement, m'informe que ses collègues organisent un week-end golf et me demande si ça m'intéresse. Apparemment les contradictions sont choses courantes dans ce cher monde du "développement" et personne n'a peur du ridicule! Lorsque ma copine a fait part de mon observation à ses collègues, ça a fait débat. Tiens donc! Ils iront quand même... )


Par contre le soir, j'ai appris plein de choses sur les avions, assise sur le toit/terrasse de la maison de nos amis pilotes Canadiens, Français et Colombiens.



mercredi 13 août 2008

'Awa Cycle, c'est la fin.


Article de l'IRD: Le kava en thérapeutique moderne et dans les bars de Nouvelle-Calédonie



Chaque mercredi soir, depuis que J. est rentré d'Hawai'i, une drôle de cérémonie a lieu à Kathmandu. Des amis de tous les continents se réunissent pour partager le kava ou 'awa.
Les amis sont invités, et les amis d'amis également. Parfois, ils sont assez nombreux, parfois, ils se retrouvent en petit comité, comme ce soir pour la dernière 'Awa eve.

J. repart à Hawai'i, retrouver les vagues. Il a terminé ses recherches et sa thèse d'éthnologie dans les hauteurs de l'Himalaya.


Ce soir nous sommes peu nombreux. Et tant mieux. Seuls les amis proches sont là.
Cette soirée est sucrée: il n'y a que des gâteaux sur la table.

Les bougies éclairent la pièce. Chez J., il n'y a pas d'électricité le mercredi jusqu'à 22h. C'est son tour d'être dans le noir.

J. met la poudre de la racine dans un sac en tissu qu'il va plonger et replonger dans un bassine d'eau à température ambiante.



On est assis en cercle. Chacun se regarde. J. prend un bol, le remplit du breuvage et donne le bol à quelqu'un dans l'assemblée.


Ca se boit d'un seul coup.

Le goût est difficile à décrire. C'est un peu amer.
Les lèvres s'engourdissent.

Clap! On frappe des mains quand le buveur a terminé. Maintenant, silence. Le buveur va parler. Il peut dire ce qu'il veut.


Quand tout le monde aura été servi tour à tour, il suffit de taper des mains pour avoir un bol plein. Mais là, pas de speech. Les convives reprennent leurs conversations. Ca ressemble maintenant à n'importe quelle réunion d'amis, à la lumière des bougies.

Il paraît que le kava aide à dormir et à se relaxer. Je n'ai jamais bien dormi les fois auparavent, mais après cette soirée c'était différent.
J'aurai voulu que le soleil ne transperce pas mes rideaux à 5.30 du matin.
J'aurai voulu continuer à rêver.





dimanche 3 août 2008

Tapaâlai sanchai chha ? - scènes de la vie quotidienne

Kathmandu, Népal
Dimanche 3 Août


Parlons pétrole. Les queues se sont allongées dans les rues autour des stations essences ces dernières semaines, créant des embouteillages. Les hommes, car se sont à 90% des hommes, attendent regroupés sur les marches des magasins. Ou dans leur voiture. J’en ai vu dormir dedans ou jouer aux cartes à l’intérieur. Voilà comme un pays peut avoir une grande partie de sa population inactive, faisant la queue. La station essence près de chez moi est à 20 min à pied. La queue de motos et de voitures arrive presque jusqu’à chez moi. Au moins 500m de queue, et la queue ne désemplit pas, même de nuit. Les gens laissent leur voiture la nuit pour être sûr d’avoir un peu d’essence le lendemain. Mon voisin me commentait qu’il avait fait 4h de queue pour 3L d’essence. C’est 3L par moto. C’est la crise. Les rues sont plus faciles à traverser. Il y a beaucoup moins de voitures qu’auparavant. Ceci est le Naya Nepal, le Nouveau Népal.


Je regarde ces scènes d’un autre monde du pont de Jawalakel. Il n’est pas difficile de s’imaginer ce que seront nos pays dits « développés » dans quelques années. Ce seront les mêmes photos, sauf peut être que ceux qui feront la queue ne seront pas les plus pauvres ou avec les voitures dans le plus mauvais état.


La Mission des U.N. pour le Népal (UNMIN) est partie dans sa grande majorité.
Soixante et onze 4x4 sont à vendre.



Pas de mer.
Je vis dans un pays qui n’a pas de mer. C’est la première fois que je vis une telle situation maintenant que j’y pense. Tous mes voyages ont été baignés d’océan : El Salvador, Equateur… Y a toujours eu des montagnes aussi, donc pas de plat pays. Au Népal, il y a bien des montagnes, mais pas de mer.
Jeudi dernier, je regardais des photos d’une copine en Equateur, sur Internet. Des langoustes grillées, au bord de mer. J’ai salivé. En rentrant chez moi, j’ai acheté une boîte de thon. Je me suis dit que je le méritais.


A la gym (et oui je m’y suis mise pour dépenser ce trop plein d’énergie), j’entends par enchantement « I am from Guatemala. It is in Central America. »
- Hola, qué tal ? Soy Margot. Ça fait combien de temps que tu es au Népal (bordel, ça fait du bien de parler espagnol !)
- Presque 2 ans.
- Comment tu fais sans poisson, fruits de mer et viande ? (Les latinos savent de quoi je parle !)
- On est quelques latinos à travailler ensemble [ndrl : à l’ONU]. On se fait des soirées de ceviche, parrilladas, etc.
- C’est pas vrai ?!
- Oui. Donne moi ton numéro. Je t’appellerai la prochaine fois pour manger avec nous. »

Yessssssss !

Vendredi 1er Août, une éclipse solaire partielle. De 16.22 à 18.13pm. Apogée 17.24pm.
On me prévient 1h avant que le bureau fermera plus tôt exceptionnellement, à 15h. Normal, c’est jour d’éclipse solaire. Première bonne nouvelle de la journée.
Selon les astrologues, cette éclipse n’aura pas d’effets néfastes pour les personnes nées sous le signe du zodiac Taureau, Vierge, Balance et Verseau. Ouf. Deuxième bonne nouvelle de la journée. Je suis Verseau. Par contre pour le reste, les astrologues préviennent que ce serait plus prudent si ils ne regardent pas l’éclipse.
De toute façon, qui l’a vu ?

Eclipse lunaire, le 7 août. Le secrétaire du Comité pour la Fixation du Calendrier Népalais (ndrl : c’est sérieux, ça existe) a exprimé son inquiétude face aux éclipses. C’est de mauvaise augure d’un point de vue religieux avoir deux éclipses le même mois.
Même pour les Verseau ?



Je sais ce que tu veux. Sur le moment, c’est plutôt énervant. Ce sont des conversations sans issue, qui tourne en rond. Les Népalais ont la fâcheuse tendance de décider ce qui est le mieux pour toi. Ici, on n’a pas toujours ce qu’on veut et la qualité première à avoir, c’est de la patience. Voici des retranscriptions de conversations que j’ai eu, à l’identique.

Après m’être perdu pendant 30 minutes dans les rues étriquées et en labyrinthe du centre de Patan (Lalitpur) sous une chaleur humide et au bord de m’évanouir pour cause de énième crise d’hypoglycémie, j’arrive enfin chez ma nouvelle prof de népalais.

Prof de népalais (PN): Qu’est ce que tu veux comme boisson froide ?
Moi : de l’eau, please.
PN : Mais qu’est ce que tu veux comme boisson froide ?
Moi : De l’eau, c’est parfait.
PN : Pepsi, Coke, Fanta, Sprite ?
Moi : de l’eau ça ira très bien.
PN : Tu veux un Coca Cola ?
Moi : Parfait.

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C’était vendredi après-midi, l’après-midi de l’éclipse solaire. J’étais chargée de commander un gâteau à la Fuji Bakery près de chez moi pour l’anniversaire d’un ami. « Un gâteau au chocolat » nous avions décidé sur la mailing list « B-Day Mario ». Surtout pas de Forêt noire ! C’est noté.

Moi (M): Namasté. Je voudrais commander un gâteau au chocolat pour demain.
The Baker (B): Qu’est ce que vous voulez ? Une forêt noire ?
M : Non, je voudrais un simple gâteau au chocolat.
B : un brownie ?
M : Non, un gâteau au chocolat simple. C’est pour un anniversaire. Une copine a déjà commandé un gâteau au chocolat ici.
B : Tu ne veux pas une forêt noire ?
M : Non, pas de forêt noire.
B : Pourquoi ? tu n’aimes pas les Forêts Noires ?
M : Non, j’aime pas. J’aime pas les cerises confites.
B : Mais il n’y a pas de cerise dans la forêt noire. [sic]
M : Je voudrais juste un gâteau au chocolat.
B : Et un gâteau aux carottes? au potiron? Au citron ? sinon, je peux faire des pains avec du chocolat. C’est comme ça regarde.
M : je sais, je suis Française. Je veux un gâteau au chocolat.
B : brownie ? forêt noire ?
M : J’aime pas la forêt noire. Le gâteau c’est pour un anniversaire. Un brownie c’est pas vraiment un gâteau d’anniversaire.
B : Je peux faire un brownie rond.
M : Va pour le brownie rond. C’est pour 12 personnes.
B : Je n’ai pas de moule rond aussi grand.
M. Va pour un brownie carré.

Et combien coûte la Forêt Noire ?
B : Ca coûte 900rp. Mais je ne crois pas que je pourrais faire une Forêt noire pour demain. On n’a pas de beurre et ni de chocolat.
(M entre moi et moi : je ne vais pas lui demander comment il compte faire le brownie.)

Une cliente étrangère entre temps était rentrée dans le magasin. Elle s’approche du comptoir où je bavarde avec Monsieur the Baker, elle paye sa confiture, ouvre la porte, me lance un « désolée de vous avoir interrompu, j’ai pensé que vous en aviez pour longtemps. Bonne chance. »
- « Merci »

Le lendemain, je vais chercher mon brownie carré comme gâteau d’anniversaire. En fait c’est un gâteau au chocolat, avec un peu de noix et des écorces d’orange sur le dessus.

Parfois, j’aimerais bien avoir un enregistreur.

Dimanche dernier, j’ai vu une femme en burqa dans Thamel accompagnée de son mari.