dimanche 22 juin 2008

Première semaine à Katmandu


Dimanche 22 juin 2008

Après plusieurs heures de vol et un voyage un peu chaotique, me voilà à Katmandu, sans ma valise. Elle arrivera 4 jours plus tard, intacte. Gemma, une anglaise de 29 ans qui va travailler et va vivre avec moi pendant 10 jours, avant de partir pour d’autres horizons, est venue me chercher à l’aéroport. On prend un taxi et on se dirige vers ce qui va être ma nouvelle maison pour les 5 prochains mois. Mon arrivée est un peu « surnaturelle » : devant chez nous il y a une tente où est célébré un mariage. Je fais un somme, bercée par la musique traditionnelle.


La maison, etc.
La maison est très belle et très agréable, dans un quartier tranquille mais non isolé. Ceci est une première agréable surprise. De manière générale, je peux dire que je suis très agréablement surprise par le Népal.
Nous avons un potager et un jardin qui encercle la maison. Tous les matins, je prends mon café, assise sur les marches de la terrasse qui donne à l’est. C’est à cet endroit même où je suis en train d’écrire actuellement. C’est aussi de là, que j’ai vu l’autre matin, un serpent se balader dans le potager.
Le soir, en rentrant du travail, je prends un petit verre sur les fauteuils de la terrasse donnant au sud.

Cependant, ce n’est pas si paisible que ça la nuit. Il y a plein de bruits : les corbeaux actifs de nuit se déplacent en bande en « chantant », et les chiens aboient à tour de rôle. Les moustiques, malgré les moustiquaires à chaque fenêtre, sont aussi parfois un problème et ne m’ont pas laissé dormir les premières nuits. Mais maintenant j’ai acheté de l’anti-moustique.

Mes colocataires s’appellent Gemma (UK), Natalie (Australie) et Nicole (USA). Elles sont très sympas. Mes colocs font des recherches pour leurs thèses ou travaillent avec des ONGs. Gemma part jeudi prochain. Isabelle, la plus ancienne des colocataires, rentre aujourd’hui d’une mission. Elle est Suisse, mais non francophone. Je vais donc parler du matin au soir en anglais.

A la maison, nous avons Internet de 18h à 9h, tous les jours. Nous n’avons pas d’électricité dans le quartier les mardis de 14h à 18h, les jeudis de 18h30 à 21h et les samedis de 19h à 21h30, Tout est organisé, même les coupures de courant !

Banda
Les banda, grèves et blocages de rue, sont très fréquents, je dirai même que c’est presque quotidien. Il y en a une pour tout, comme si les gens utilisaient n’importe quel prétexte pour avoir l’opportunité de s’exprimer.
Un mort dans un accident de voiture : les gens organisent immédiatement une banda.
Le prix du pétrole augmente et le gouvernement refuse d’augmenter les prix des taxis et des bus : banda.
Aujourd’hui une banda à durée indéterminée a commencé.
Alors, tout devient compliqué : plus aucun moyen de se déplacer dans la ville, comme aujourd’hui où j’ai dû annulé une sortie. Cela a un côté agréable : les rues sont vides et on peut marcher sans problème ou bien, pour ceux qui en ont, circuler à vélo facilement.
Pour aller à Equal Access ce n’est pas un problème pour moi, j’habite à 20 minutes de marche.

Trafic
Vélo, motos, voitures, piétons et vaches arrivent à « vivre » ensemble, malgré des rues étroites et étriquées. Les motos et vélos contournent les piétons qui traversent la rue. Vaches, veaux et buffles se baladent librement dans les rues et prennent souvent comme aire de repos, le milieu de la rue. Je ne comprends pas encore si elles appartiennent à quelqu’un ou si elles sont libres. Il n’y a presque pas de feu de signalisation. Le peu de routes goudronnées sont majoritairement en très piteux états et le reste des rues est en terre, et elles deviennent alors rapidement des fleuves de boue quand il pleut.

Les maisons sont principalement en briques rouges et les rues colorées par les tissus des vêtements que les femmes portent élégamment.

Il flotte dans l’air des odeurs de curry et d’encens, sauf quand on passe à côté des poubelles qui s’entassent dans la rue pour cause de blocage de l’entrée de la déchetterie. Les habitants du quartier où se trouve la déchetterie bloquent son accès. En échange du dommage occasionné d’héberger les poubelles de la ville, ils demandent la construction d’écoles par le gouvernement. Malheureusement, le gouvernement a dit non et les poubelles continuent de s’accumuler et à pourrir dans les rues. A la première pluie, les rues deviennent des rivières de déchets et de boue.

Ma première semaine a été très remplie et je n’ai pas vraiment eu le temps d’écrire calmement. Bien que je n’aie pas encore véritablement visité KTM, j’ai fait beaucoup de rencontres. Ça aide d’avoir des colocataires. Il y a toujours des amis à la maison.

J’ai connu notre voisin, un Italien qui a une fabrique de bijoux, et ses associés Népalais. Ils ont d’ailleurs fait un bordel pas possible lors du match Italie-France (qui commençait à minuit), donc les prochains matchs avec l’Italie j’irai les voir chez mes voisins, au moins je ne serai pas « réveillée » par le bordel !
J’ai connu des Français, dont une fille qui travaille dans la United Nations Mission In Nepal (UNMIN) comme UN Volunteers et qui a fait mon master l’année dernière ; c’est mon directeur de mémoire qui m’a donné son adresse mail ; elle bosse à Pokhara, donc avant que la mission se termine dans un mois, je profiterai pour aller la voir et connaître cette ville. Elle m’a fait connaître d’autres Français (ONU, Alliance française, etc) à l’occasion de la fête de la musique organisée par l’Alliance française. J’ai beaucoup marché ce jour-là, banda oblige, ce qui m’a permis de commencer à apprendre à me repérer, car ici les rues n’ont pas de nom.

J’ai aussi été à une expo de peintures, à une soirée où il y avait pleins d’ « expat », au restaurant, à des dîners… A l’expo de peinture, j’ai connu une fille américaine qui a été en Equateur et dont on a des amis en commun. Le monde est très petit ! je pense même l’avoir rencontré là-bas, car elle m’a dit avoir connu une fille qui travaillait à l’UNESCO mais dont elle ne se souvient plus, justement chez cette amie en commun. J’ai connu aussi un autre Américain, qui a bosser pendant un an à Otavalo comme manager d’une Hacienda.

Gemma a organisé une « sari party » pour fêter son départ à la maison vendredi dernier avec tous les collègues de EA. Elle avait prévu un service de catering, donc on a eu pas mal à manger et à boire. Moi j’ai fait des pizzas. C’est d’ailleurs en allant chercher de la farine dans un petit magasin, sous la pluie, que j’ai eu ma première expérience de sangsue. J’ai senti quelque chose qui me piquait au mollet et machinalement, j’ai donné un coup en pensant que c’était un moustique. C’est en voyant que ça me grattait énormément et que j’avais une grosse tâche de sang, que j’ai su que ce n’était pas un moustique. Après ça, je suis devenue un peu parano et je regarde mes jambes à peine je sens quelque chose. Durant cette soirée sari, j’ai pu danser sur les tubes hindi du moment.

Je commence à apprendre mes premiers mots en Népalais : bonjour : Namasté ; à gauche : baya ; à droite : daya, tout droit : sidha ; à bientôt Pheri betonla.

C’est dur de retenir tous les nouveaux mots qu’on essaye de m’apprendre. Mais je me suis fait photocopier deux bouquins de grammaire népalaise pour débutant. Faut que je commence à potasser, car c’est vraiment frustrant pour moi de ne pas pouvoir communiquer dans la langue du pays.

A EA tout se passe bien, disons que ma première semaine a été intéressante, bien que je sois encore un peu perdue. On m’a présenté les 45 personnes qui y travaillent, tous des Népalais. L’équipe est plutôt jeune. L’équipe en général est très sympa et je me suis fait quelques ami-e-s. Les gens sont très accueillants, je ne me suis pas encore sentie « seule ».
Je communique en anglais principalement. Je me remets donc à l’anglais petit à petit.
Les réunions sont moitié en anglais mais également beaucoup en népalais.

L’accent népalais n’est pas toujours très compréhensible et ça me demande beaucoup d’effort de concentration. Je rentre donc assez crevée à la fin de la journée.

Je ne suis toujours pas malade. Je mange à chaque repas des plats tibétains, indiens, népalais, assez épicé en général. Je pense que ce curry va vite me fatiguer. Comme en Equateur, y a beaucoup de riz, patates… Cependant, je ne mange pas autant de viande : la majorité des plats sont végétariens, par l’influence de la religion hindu.

Je commence à apprendre les règles du « savoir-manger » : on mange avec sa main droite, jamais avec la gauche considérée comme impure (c’est celle qu’on utilise pour se nettoyer aux WC). On ne rentre jamais dans la cuisine d’autrui car on rend la nourriture impure. On ne touche pas non plus le plat de quelqu’un d’autre, pour les mêmes raisons.
Aux WC, il n’y a pas de papiers en général, mais un pommeau de douche pour se nettoyer, d’où la règle de la main droite lorsque l’on mange.

Il fait chaud et humide quand il ne pleut pas. Même si il pleut, il ne fait jamais froid. Je vis avec les fenêtres ouvertes. Il pleut presque tous les jours en soirée. C’est reposant de dormir avec le bruit de la pluie.